lundi 15 avril 2013

Rues à débaptiser


Un des grands jeux de l'époque moderne consiste à vouer aux gémonies les personnes qui s'illustrèrent autrefois, et dont la respectabilité ne satisfait plus aux critères d'aujourd'hui. On peut citer pour commencer le très grand Alexis Carrel, prix Nobel de physiologie et médecine 1912, chirurgien surdoué et stakhanoviste, pionnier de la chirurgie vasculaire et de la transplantation, médecin prolifique sous les deux Guerres, par ailleurs converti après enquête personnelle sur les miracles de Lourdes. Mais idéologiquement parlant, ses visions eugénismes affirmées couplées au zèle antiraciste de nos contemporains ont finalement écarté à jamais son nom de la faculté de médecine de Lyon et de toutes les rues de France. C'est ensuite le naturaliste Georges Cuvier, "ce géant de la science, cet astre salutaire, ce génie extraordinaire", que certains journalistes voudraient bannir de la mémoire collective. Depuis peu enfin, la dernière rue du vainqueur de Verdun est sur le point de tomber, sans que l'on trop s'émeuve de celles portant le nom de personnages au bilan pour le moins controversé, comme Lénine ou Staline. Le tribunal moral, qui ne cherche plus à dissocier le talent de l'homme de ses opinions, ne limite désormais plus la portée de son action ; le génie de Louis-Ferdinand Céline à cause des accointances déplacées de l'écrivain avec l'Allemagne faillit bien en faire les frais.

Je propose donc que l'on renomme les rues, stations, et instituts portant les noms des personnes sous-citées. Il est à regretter que la destitution de ces personnes racistes et antisémites remettrait en cause la mythification des Lumières et des Droits de l'Homme et de leur Panthéon ; ce qui n'est donc pas pour demain. Inutile de préciser que les citations n'engagent que leurs auteurs et ceux qui les défendent, et nullement l'auteur de ces lignes qui s'en désolidarise. Pour les âmes sensibles, je suggère de ne pas poursuivre, et d'en échange ne plus mettre à mort une personne pour une opinion, une phrase argumentative, un titre de livre, un trait d'humour quelque douteux qu'il fût.

Voltaire (1694-1778) :
« Les Samoïèdes, les Lappons, les habitants du nord de la Sibérie, ceux du Kamshatka, sont encore moins avancés que les peuples de l'Amérique. La plupart des Nègres, tous les Cafres, sont plongés dans la même stupidité, et y croupiront longtemps. »

« On ne voit au contraire, dans toutes les annales du peuple hébreu, aucune action généreuse. Ils ne connaissent ni l'hospitalité, ni la libéralité, ni la clémence. Leur souverain bonheur est d'exercer l'usure avec les étrangers ; et cet esprit d'usure, principe de toute lâcheté, est tellement enracinée dans leurs coeurs, que c'est l'objet continuel des figures qu'ils emploient dans l'espèce d'éloquence qui leur est propre. Leur gloire est de mettre à feu et à sang les petits villages dont ils peuvent s'emparer. Ils égorgent les vieillards et les enfants ; ils ne réservent que les filles nubiles ; ils assassinent leurs maîtres quand ils sont esclaves ; ils ne savent jamais pardonner quand ils sont vainqueurs : ils sont ennemis du genre humain. Nulle politesse, nulle science, nul art perfectionné dans aucun temps, chez cette nation atroce. »

«  Nous n'achetons des esclaves domestiques que chez les Nègres ; on nous reproche ce commerce. Un peuple qui trafique de ses enfants est encore plus condamnable que l'acheteur. Ce négoce démontre notre supériorité ; celui qui se donne un maître était né pour en avoir. » - Essai sur les Mœurs, édition non expurgée, tome 8 page 187

« J'ai eu le temps d'apprendre ce langage, et enfin, à force de considérer le petit degré de supériorité qu'ils ont à la longue sur les singes et sur les éléphants, j'ai hasardé de juger qu'en effet c'est là l'homme ; et je me suis fait à moi-même cette définition :
           L'homme est un animal noir qui a de la laine sur la tête, marchant sur deux pattes, presque aussi adroit qu'un singe, moins fort que les autres animaux de sa taille, ayant un peu plus d'idées qu'eux, et plus de facilité pour les exprimer; sujet d'ailleurs à toutes les mêmes nécessités ; naissant, vivant, et mourant tout comme eux. », ibid., tome 1 page 11
                                 
« Les Juifs seuls sont en horreur à tous les peuples chez lesquels ils sont admis », ibid. tome 5 page 74

« Nous ne croirions pas qu'un peuple si abominable eût pu exister sur la terre. Mais comme cette nation elle-même nous rapporte tous ses faits dans ses livres saints, il faut la croire. », ibid., tome 1 page 158-159

David Hume (1711-1776) :
« Je suspecte les Nègres et en général les autres espèces humaines d’être naturellement inférieurs à la race blanche. Il n’y a jamais eu de nation civilisée d’une autre couleur que la couleur blanche, ni d’individu illustre par ses actions ou par sa capacité de réflexion... Il n’y a chez eux ni engins manufacturés, ni art, ni science. Sans faire mention de nos colonies, il y a des Nègres esclaves dispersés à travers l’Europe, on n’a jamais découvert chez eux le moindre signe d’intelligence » - Sur les caractères nationaux, Vol. III

Emmanuel Kant (1724-1804) :
«  La nature n’a doté le nègre d’Afrique d’aucun sentiment qui ne s’élève au-dessus de la niaiserie (...) Les Noirs (...) sont si bavards qu’il faut les séparer et les disperser à coups de bâton » - Essai sur les maladies de la tête

Montesquieu (1689-1755) :
 « On ne peut se mettre dans l’idée que Dieu, qui est un être sage, ait mis une âme, surtout une âme bonne, dans un corps tout noir. (...) Il est impossible que nous supposions que ces gens-là soient des hommes, on commencerait à croire que nous ne sommes pas nous mêmes chrétiens. » - L’esprit des Lois, tome 2 page 83

Victor Hugo (1802-1885) :
« Quelle terre que cette Afrique ! L’Asie a son histoire, l’Australie elle-même a son histoire qui date du commencement dans la mémoire humaine : l’Afrique n’a pas d’histoire » - Discours du 18 mai 1879

Jules Ferry (1832-1893) :
« Je répète qu'il y a pour les races supérieures un droit, parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures. (...) Je vous défie de soutenir jusqu'au bout votre thèse qui repose sur l'égalité, la liberté, l'indépendance des races inférieures. Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement que les races supérieures ont un droit vis à vis des races inférieures. » - Débats parlementaires du 28 juillet 1885

Pablo Picasso (1881-1973) :
"L'art nègre ? Connais pas."

Le but ici n'étant pas d'attiser la haine, mais de mettre en avant l'inanité de l'ostracisme antiraciste inconditionnel, nous arrêterons ici la liste - que l'on aurait pu étendre sans problème à Jaurès, Napoléon, Blum, de Gaulle, Dostoïevski, Balzac, Proudhon, Hegel, Benjamin Franklin, Lincoln, Ford, l'Abbé Pierre, Luther et bien d'autres. Ne siégeraient plus donc aux places d'honneur de notre Histoire que les saints canonisés par l'idéologie contemporaine. Avec le recul, peu de monde en somme, pas même notre président socialiste précédent. Le jeu en vaut-il la chandelle ?

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