dimanche 6 juillet 2014

Pourquoi jeûner

En ces temps d'abondance, de spontanéité et disons-le d'hédonisme, la perspective du jeûne, pour ceux d'entre nous non encore enclins à une certaine forme d'ésotérisme diététique et d'interrogations somato-physiologiques, peut faire sourire. L'incrédulité et l'indifférence peuvent céder la place à l'agacement quand cela perturbe les coutumes sociales ou à l'incompréhension inquiète pour la santé physique ou mentale pour nos proches qui s'y adonnent. Cependant, la privation temporaire de nourriture peut se justifier sous de nombreux angles.

Pour gagner du temps (éthique de l'efficacité)
Nous passons facilement deux heures (soit 12 % de notre temps éveillé) à manger, cuisiner ou préparer la table ou faire la vaisselle. Ce temps de bonne humeur et de convivialité pourra de temps en temps être mis à profit pour le consacrer à ses projets, aux pauvres, à la prière, à sa famille. Ceux sur qui la digestion pèse (ce qui peut être dû à l'utilisation de l'oxygène du sang pour digérer, ou à la sérotonine produite suite à l'ingestion de sucres) y gagneront aussi en productivité intellectuelle et éviteront l'assoupissement en réunion ou la somnolence postprandiale au volant.

Par bien-être (éthique corporelle)
Le choix du jeûne peut relever d'une simple question de souci de son corps. De nombreux régimes mettent en avant les bienfaits du saut de repas, ainsi que le défendent par exemple les adeptes du jeûne intermittent. De manière générale, manger moins conduit inévitablement, si cette conduite ne relève pas d'un désordre alimentaire passager (type Biba numéro spécial été), à une baisse de poids, ce qui en ces temps de torpeur et d'obésité aggravée ne nuirait pas à tout le monde.
Plusieurs études avancent que jeûner est "fréquemment accompagné d'un état d'alerte augmenté et d'une amélioration de l'humeur", et que cela constitue une méthode efficace "dans le traitement des maladies rhumatologiques et dans les syndromes de douleur chroniques".

N.B : je ne prône aucun de ces régimes journaliers, que je n'ai jamais testés et que certains qualifient de néfastes suivant les cas. Je me désolidarise plus encore des régimes fortement tournée vers la consommation de viande et de protéines pour maigrir, ou d'aliments prétendus à calories négatives ! Par ailleurs écologiquement nuisibles, ils se détournent du but premier de l'alimentation qui devrait consister à ingérer uniquement ce dont nous avons besoin. Les régimes amincissants dans un monde en perfusion de graisses, sels et sucres ne profiteront qu'à ceux qui les vendent, tant que nous ne reviendrons pas à un paradigme alimentaire et moral plus sain.

Par souci de santé (éthique thérapeutique)
Si l'on se place au niveau cellulaire, la digestion tend à rendre le milieu plus basique. Jeûner permet donc de placer le corps cellulaire en acidose, défavorable au développement de la cellule cancéreuse. Le Professeur Gernez conseille de ne faire qu'un repas pendant un mois à l'arrivée du printemps, à partir de l'âge de 40 ans, par prévention contre le cancer. Il préconise la voie prophylactique puisqu'une fois que les cellules néfastes ont atteint une taille où elles sont isolées des autres cellules, il est selon lui déjà trop tard. Ce point de vue se trouve confirmé dans ce captivant reportage sur le jeûne thérapeutique. Se priver de repas entre 3 et 40 jours semble limiter voire soigner des maladies comme l'asthme, l'arthrose, le diabète, le cancer, la dépression ou des cas plus graves de troubles psychiatriques.

Des études ont d'ailleurs montré depuis que coupler la chimiothérapie au jeûne augmente largement les probabilités de résorption du cancer. Ainsi l'équipe de Valter Longo a montré dans un article de PNAS qu'un jeûne de courte durée apporte une protection in vitro jusqu'à mille fois supérieure des cellules animales saines en cas d'attaque chimiothérapique, et fait passer le taux de mortalité des souris à un agent de traitement anti-cancéreux (étoposide) de 43 % à 6 %. Un taux faible en glucose contribue également à un effet différentiel très marqué des destructions par stress oxydatif de cellules gliales saines ou cancéreuses. Une autre étude met en évidence diminution marquée de l'ensemble des effets secondaires du jeûne pendant une chimiothérapie.
À ce sujet, des médecins considèrent que l'ingestion de viande favorise l'apparition de cancer par la surabondance de l'hormone de croissance IGF-1. Le coloraire de cette affirmation confirmerait que manger moins, a fortiori moins de viande, limite les maladies cancéreuses. Par surcroît, le foie secrète durant ces périodes le facteur de croissance fibroblastique 21 (FGF21) dont l'effet inhibiteur sur le facteur de croissance IGF1 en augmente encore l'effet bénéfique. Des chercheurs ont ainsi constaté un accroissement de la durée de vie des souris (mais leur fait perdre de la masse osseuse),
Enfin, et sans viser l'exhaustivité, la littérature scientifique met en lumière une action positive sur la prévention des insuffisances coronariennes et du diabète.

L'on notera par ailleurs qu'un malade accepte difficilement d'ingurgiter de la nourriture, on l'on pourrait y voir une réaction calculée du corps pour lutter plus efficacement contre le trouble. 

L'on voudra bien évidemment ne pas se mettre en danger si l'on soupçonne que son corps est trop fragile, ou en cas de diabète, d'enfantement, d'anorexie, etc. Attention également à ne pas soumettre son corps à des restrictions trop violentes et trop longtemps, pour ne pas entraîner de dommages difficilement réversibles ! Ceci n'est pas un article de nutritionniste ou médecin professionnel...

Par souci de la planète (éthique écologique)
Chaque pièce de steak non ingurgitée, chaque emballage non produit ni jeté, chaque heure de four et de congélateur évitée, chaque blé OGM non planté, chaque avion rempli de bananes resté au sol, assure toujours une écharde de moins dans la peau de la Terre meurtrie.

Par maîtrise des instincts (éthique épicurienne)
Ce jeûne-là est commun à de nombreuses religions et même à la philosophie d’Épicure. Il est vrai qu'il vaut mieux être maître de ses instincts qu'être dirigé par eux, pour s'extraire de la condition animale et afin que notre sagesse nous mène au bonheur. La notion contemporaine de liberté a partiellement perverti la conception originale que nous devrions conserver de cette idée : non une liberté d'action totale, qui génère désordre et chaos, mais une liberté éclairée, celle de faire le Bien avant tout. Un enfant doit-il être libre ? Un parent guidé par ce principe aura toute chance d'aboutir au malheur de tous ceux qui l'entourent, l'enfant le premier. Contenir ses pulsions, touchant à l'appétit comme au sexe, construit la personne, donne confiance en ce qu'elle peut accomplir, et l'oriente vers les choix véritables. Quelle liberté dans la gloutonnerie, l'oisiveté, l'onanisme, la violence verbale, l'ignorance ?

Se priver volontairement du plaisir de la nourriture et d’autres biens matériels, aide le disciple du Christ à contrôler les appétits de sa nature affaiblie par la faute originelle, et dont les effets négatifs investissent entièrement la personne humaine - Benoît XVI, Message pour le Carême 2009

Par rapprochement des pauvres (éthique mahométane)
S'éloigner de l'opulence, quoique temporairement, ramène notre condition à celle des plus indigents. Les priorités les plus triviales s'invitent dans notre réalité, et nous poussent à l'empathie, vecteur essentiel de la charité. Se mettre à la place pour mieux comprendre, comme le font les musulmans au cours de la période du Ramadan, et ainsi se soumettre de bon gré à l'aumône. Certes, cela ne suffit pas à imaginer l'éventail des souffrances du pauvre, qui à notre époque subit plus la solitude, la honte, la violence et la dépendance que la faim et la soif.

Jeûner volontairement nous aide à suivre l’exemple du Bon Samaritain, qui se penche et va au secours du frère qui souffre.

Par humilité (éthique hébraïque)
Piégés par le mythe de l'abondance, l'illusion de technicisme, et avant tout par l'idée de notre maîtrise totale, interrompre le cycle entretenu des repas biquotidiens nous dévoile notre faiblesse. Celle de notre corps soumis en permanence aux impératifs prosaïques de son alimentation, celle de notre esprit qui peine à réaliser notre dépendance. Trois jours de désert pour un riche banquier, et tous ses rêves, gains, théories, amitiés, retourneront à la poussière avec lui. Cette perspective de la vulnérabilité doit nous rendre moins enclins à l'hubris destructeur et à la folle vanité.

Avec le jeûne et la prière, nous Lui permettons de venir rassasier une faim plus profonde que nous expérimentons au plus intime de nous : la faim et la soif de Dieu.

Par obéissance (éthique lévitique)
Fort de l'exemple des juifs qui se sont attelés, dans les succès et dans les échecs, à faire la volonté de leur Dieu et suivre Ses commandements, notre soumission à la loi divine revêt une dimension pieuse. Les nombreuses contraintes, notamment alimentaires chez les juifs, sont autant de manières simples de plaire à Dieu par simple obéissance, que cela dût dépasser notre entendement de l'intérêt immédiat. Pour autant, nous avons été certainement mis en garde des dangers du pharisianisme, c'est-à-dire de l'obéissance sans intelligence et sans amour.

Le vrai jeûne a donc pour but de manger « la vraie nourriture », qui consiste à faire la volonté du Père (cf. Jn 4,34). Si donc Adam désobéit à l’ordre du Seigneur « de ne pas manger du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal », le croyant entend par le jeûne se soumettre à Dieu avec humilité, en se confiant à sa bonté et à sa miséricorde.


Par amour (éthique chrétienne)
Jésus a souffert pour nous, et le jeûne constitue l'une des façons les plus faciles et les moins destructrices (au contraire) d'exercer une action qui s'en rapproche. Si des actes de charité par voie de mortifications paraissent inhumains, comme saint François se jetant dans les ronces, sainte Rita portant le cilice pour entre autres la conversion de son mari ou saint Daniel vivant 33 ans sur une colonne, la voie du jeûne s'offre à nous comme un tremplin vers l'offrande simple de la douleur ou du désagrément.
Le chrétien cherche à imiter Jésus-Christ, et suivre sa voie, qui contient un passage de 40 jours où il eut faim et résista aux tentations du diable (Matthieu 4).

Les Saintes Écritures et toute la tradition chrétienne enseignent que le jeûne est d’un grand secours pour éviter le péché et tout ce qui conduit à lui. C’est pourquoi, dans l’histoire du salut, l’invitation à jeûner revient régulièrement.

Les plus beaux exemples :
  • Saint Jean-Marie Vianney : 
    Ce bon et saint prêtre, engagé pour servir Ars et ses 250 âmes, passe le plus clair de son temps en adoration et en prière dans son église, pour la conversion de son village. Il mange de la nourriture bouillie froide, quelques patates et du bœuf, et saute fréquemment des repas, préférant donner aux pauvres son surplus. Rapidement, les confessions qu'il commence tôt après minuit, après 2h de sommeil quotidien, ne lui donnent plus le loisir de manger à sa guise. Après cinquante ans "à vivre sur la Croix", il meurt et laisse le plus bel exemple de privation et de mortifications que l'on puisse donner par amour. Le curé d'Ars, catalogué debillissimus (très faible) lors de son séminaire, a changé l'âme de la France et devient en 1929 le saint patron de tous les curés de l'Univers.
    "Le démon se moque de la discipline et des autres instruments de pénitence ; du moins s’il ne s’en moque pas, il en fait peu de cas et traite doucement ceux qui en font usage. Mais ce qui le met en déroute, c’est la privation dans le boire et le manger. Il n’y a rien que le démon redoute comme cela et qui soit par conséquent plus agréable à Dieu. Oh combien je l’ai éprouvé… Oh que de grâces le Seigneur m’accordait alors ! J’obtenais tout ce que je voulais pour moi et pour les autres."
  • Saint Padre Pio : Grand confesseur à son tour, ce modèle d'obéissance, mort il y a moins d'un demi-siècle, fut stigmatisé pendant 50 ans, jour pour jour. On considère qu'il comptabilisa plus d'un million d'hommes et de femmes dans son confessionnal. 
  • Marthe Robin : 
    Une des grandes figures au XXe siècle de l'inédie, cette femme tombée jeune dans la maladie finit immobilisée dans son lit pour le restant de sa vie. Elle se nourrira uniquement d'hostie. Hormis la privation de nourriture, elle aura beaucoup à souffrir par ailleurs, puisqu'elle reçoit les stigmates du Christ à 23 ans, et revivra la Passion toutes les semaines. Celle-ci s'étend sur plusieurs jours à la fin de sa vie. Marthe fonde les Foyers de la Charité depuis sa modeste chambre, des écoles, et convertit de nombreuses âmes.
  • Saint François d'Assise : 
    Il poverello, le pauvre d'Assise. Francesco Bernardone agit uniquement par amour depuis qu'il a rencontré Dieu sur un chemin de guerre. Missionné pour reconstruire l'église, il fait revivre l'Eglise entière avec le mouvement très exigeant qu'il fonde. Les franciscains vivent en pauvre, habillés d'une bure et dormant dans la nature. Son fondateur parle aux oiseaux, calme les loups, méprise l'argent, embrasse les lépreux, convertit les infidèles, et conscient de sa petitesse, cherche l'humilité pour se rapprocher de son Créateur. Se considérant comme un misérable ver de terre, il a ironiquement l'insigne gloire, par le biais de son Seigneur, d'être le premier stigmatisé de l'Histoire reconnu par l'Eglise Catholique. Durant un Carême, il s'éloigne sur une île, avec un simple morceau de pain, qu'il ne consommera qu'après 39 jours et demi de jeûne. Son ascèse en devient presque amusante tant les considérations terrestres lui semblent secondaires : "j'ai besoin d'humiliation plus que de pain".
  • Vénérable Benoîte Rencurel :
    "Benoîte fait parfois des jeûnes de six à huit jours pour ramener des pécheurs à la pénitence. Son repas solitaire est souvent un peu de pain dans sa soupe, quelques noix et un peu de fruit. Ses directeurs lui ordonnent en 1710 de prendre un peu de vin à cause de la faiblesse de son estomac. Elle jeûne surtout les mercredis, vendredis et samedis. Aux jeûnes d’obligation elle prend pain et eau, parfois un peu de soupe, mais parfois elle ne se contente que de l’eau, parce qu’elle a donné son pain à des pauvres. Les jours d’affluence, elle reste de l’aube à la nuit à parler aux uns et aux autres sans prendre le temps de manger."
Le jeûne est en outre une pratique récurrente des saints, qui le recommandent. Saint Pierre Chrysologue écrit : « Le jeûne est l’âme de la prière, la miséricorde est la vie du jeûne. Donc, celui qui prie doit jeûner ; celui qui jeûne doit avoir pitié ; qu’il écoute l’homme qui demande, et qui en demandant souhaite être écouté ; il se fait entendre de Dieu, celui qui ne refuse pas d’entendre lorsqu’on le supplie » (Sermo 43 : PL 52, 320. 332). 


Ce que dit l'Église :
  • L'Ancien Testament:
- «  Moïse demeura sur le Sinaï avec le Seigneur quarante jours et quarante nuits ; il ne mangea pas de pain et ne but pas d’eau. Sur les tables de pierre, il écrivit les paroles de l’Alliance, les Dix Paroles. » - Exode 34, 28
- « Je redescendis de la montagne, qui était toujours en feu ; je tenais dans les mains les deux tables de l’Alliance. Et je vis que vous veniez de pécher contre le Seigneur votre Dieu. Vous vous étiez fait un veau en métal fondu, vous n’aviez pas mis longtemps à vous écarter du chemin que le Seigneur vous avait ordonné de suivre. Je pris les deux tables ; de mes deux mains, je les jetai et je les brisai sous vos yeux. Je tombai à terre devant le Seigneur, et, comme la première fois, je fus quarante jours et quarante nuits sans manger ni boire, à cause de tous les péchés que vous aviez commis : vous aviez fait ce qui est mal aux yeux du Seigneur et ainsi vous l’aviez exaspéré. » - Deutéronome 9, 9-18
- « Les champs sont ravagés, la terre est en deuil. Le froment est ravagé, le vin nouveau fait défaut, l’huile fraîche est tarie. [...] Prêtres, mettez un vêtement de deuil, et pleurez ! Serviteurs de l’autel, faites entendre des lamentations ! Venez, serviteurs de mon Dieu, passez la nuit vêtus de toile à sac ! Car la maison de votre Dieu ne reçoit plus ni offrandes ni libations. Prescrivez un jeûne sacré, annoncez une fête solennelle, réunissez les anciens et tous les habitants du pays dans la Maison du Seigneur votre Dieu. Criez vers le Seigneur : « Ah ! jour de malheur ! » Le jour du Seigneur est proche, il vient du Puissant comme un fléau. » - Joël, 10-15
- « Or, Ninive était une ville extraordinairement grande : il fallait trois jours pour la traverser.
Jonas la parcourut une journée à peine en proclamant : « Encore quarante jours, et Ninive sera détruite ! »
Aussitôt, les gens de Ninive crurent en Dieu. Ils annoncèrent un jeûne, et tous, du plus grand au plus petit, se vêtirent de toile à sac. [...] En voyant leur réaction, et comment ils se détournaient de leur conduite mauvaise, Dieu renonça au châtiment dont il les avait menacés. » - Jonas, 3 
- « Mais le Seigneur ne se complaît pas en eux ; à présent il se souvient de leur faute et va châtier leurs péchés. Le Seigneur me dit : « N’intercède pas pour le bien de ce peuple. S’ils jeûnent, je n’écouterai pas leur supplication ; s’ils font monter vers moi holocaustes et offrandes, je ne me complairai pas en eux ; oui, je vais les exterminer par l’épée, la famine et la peste. » » - Jérémie, 14:10-12

  • Le Nouveau Testament :
- « Alors Jésus fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le diable. Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim. Le tentateur s’approcha et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. » Mais Jésus répondit : « Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » » - Mt, 4:1-4
- « Et quand vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu, comme ceux qui se donnent en spectacle : ils se composent une mine défaite pour bien faire connaître aux hommes qu’ils jeûnent ; Vraiment, je vous le déclare : ils ont touché leur récompense. Mais toi, quand tu jeûnes, parfume toi la tête et lave toi le visage : ainsi ton jeûne ne sera pas connu des hommes, mais seulement de ton père qui est là, invisible ; ton Père voit ce qui est invisible, il te le revaudra. » - Mt, 6:16-18
- « Et Jésus le réprimanda, et le démon sortit de lui ; et dès cette heure-là l'enfant fut guéri. Alors les disciples s'approchèrent de Jésus en particulier, et lui dirent : Pourquoi n'avons-nous pas pu le chasser ? Et il leur dit : A cause de votre peu de foi.[...] Mais cette sorte de démons ne sort que par la prière et par le jeûne. » - Mt, 17:14-23
-  « Un jour qu’ils célébraient le culte du Seigneur et qu’ils jeûnaient, l’Esprit Saint leur dit : « Mettez à part pour moi Barnabé et Saul en vue de l’œuvre à laquelle je les ai appelés. » Alors, après avoir jeûné et prié, et leur avoir imposé les mains, ils les laissèrent partir. » - Actes des Apôtres, 13:2-3

  • Premiers temps de l'Eglise :
- « Voici donc l'enseignement renfermé dans ces paroles : bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour vos ennemis, jeûnez pour ceux qui vous persécutent. ». Didachè, vers 3
- « Que vos jeûnes ne soient pas en même temps que ceux des hypocrites : car ils jeûnent le deuxième et le cinquième jour de la semaine; mais vous, jeûnez le quatrième et le jour de la préparation (au sabbat). » - Didachè, 8:1
- « Ton jour de jeûne, tu ne prendras que du pain et de l’eau, puis tu calculeras le montant de la dépense que tu aurais faite ce jour-là pour la nourriture et tu le donneras à une veuve, à un orphelin ou à un indigent. Que par ton jeûne la faim du pauvre soit assouvie. » - Le Pasteur d’Hermas, 5° Similitude:120-150 [livre hors canon, mais de lecture recommandée]
- « De cette manière, notre prière, faite en humilité et en charité, dans le jeûne et dans l’aumône, dans la tempérance et dans le pardon des offenses, en donnant de bonnes choses et en ne rendant pas les mauvaises, en s’éloignant du mal et en faisant le bien, recherche la paix et l’obtient. Avec les ailes de ces vertus, notre prière vole de manière assurée et est conduite plus facilement jusqu’au ciel, où le Christ notre paix nous a précédés » - saint Augustin, Sermon 206, 3 sur le carême : pl 38, 1042
- « Il y a trois actes, mes frères, trois actes en lesquels la foi se tient, la piété consiste, la vertu se maintient : la prière, le jeûne, la miséricorde. La prière frappe à là porte, le jeûne obtient, la miséricorde reçoit. Prière, miséricorde, jeûne : les trois ne font qu'un et se donnent mutuellement la vie. En effet, le jeûne est l'âme de la prière, la miséricorde est la vie du jeûne. Que personne ne les divise : les trois ne peuvent se séparer. Celui qui en pratique seulement un ou deux, celui-là n'a rien. Donc, celui qui prie doit jeûner ; celui qui jeûne doit avoir pitié ; qu'il écoute l'homme qui demande, et qui en demandant souhaite être écouté ; il se fait entendre de Dieu, celui qui ne refuse pas d'entendre lorsqu'on le supplie. » - saint Pierre Chrysologue, évêque et conseiller du pape Leon Ier (406-450)

Ceci a été, dès le début, une caractéristique de la vie des communautés chrétiennes où se faisaient des collectes spéciales (cf. 2 Cor 8-9 ; Rm 15, 25-27), tandis que les fidèles étaient invités à donner aux pauvres ce qui, grâce au jeûne, avait été mis à part (cf. Didascalie Ap., V, 20,18). Même aujourd’hui, une telle pratique doit être redécouverte et encouragée, surtout pendant le temps liturgique du Carême. 

  • Le Catéchisme : 
- « La loi du jeûne prescrit qu’il ne soit fait qu’un repas par jour; mais elle ne défend pas de prendre un peu de nourriture matin et soir, en observant toutefois la coutume approuvée des lieux, relativement à la quantité et à la qualité des aliments.
Il y a des jours où sont prescrits à la fois le jeûne et l’abstinence: ce sont le mercredi des Cendres, les vendredis et samedis de carême, les jours des Quatre-Temps; Les vigiles de la Pentecôte, de l’Assomption, de la Toussaint et de Noël. » - Canon de 1917, 1251-1252 (ou ici dans le nouveau Droit Canon)
- « Le quatrième commandement (" Aux jours de pénitence fixés par l’Eglise, les fidèles sont tenus par l’obligation de s’abstenir de viande et d’observer le jeûne ") assure des temps d’ascèse et de pénitence qui nous préparent aux fêtes liturgiques et nous disposent à acquérir la maîtrise sur nos instincts et la liberté du cœur » - Nouveau Canon 2043
- Depuis le concile de Carthage en 397, puis plus précisément depuis le code de 1917, il est prescrit de recevoir la Communion en état de jeûne, quoique ce commandement soit devenu plus souple (minuit la veille, puis 3h avant depuis 1957, et désormais 1h seulement avant depuis 1964).

  • Les papes :
- « Les Chrétiens mâtinés de rationalisme, et pour lesquels la renonciation du démon n'est guère qu'une métaphore, auront beau chercher des remèdes purement politiques au virus révolutionnaire, ils ne guériront pas les sociétés malades. Il y faut la prière et le jeûne. » - Liberi Muratori, Leon XIII
- « Je demande aux catholiques que le 14 décembre prochain soit vécu comme un jour de jeûne, au cours duquel nous prierons Dieu avec ferveur afin qu'il accorde au monde une paix stable, fondée sur la justice, et qu'il fasse en sorte que l'on puisse trouver des solutions adaptées aux nombreux conflits qui tourmentent le monde. Ce dont on se privera pendant le jeûne pourra être mis à disposition des pauvres, en particulier de ceux qui souffrent en ce moment des conséquences du terrorisme et de la guerre. » - Jean-Paul II, Angélus du 18 novembre 2001
- Le pape François a demandé que soit entamée le 7 septembre 2013 "une journée de jeûne et de prière pour la paix en Syrie, au Moyen-Orient, et dans le monde entier". 

  • Les apparitions :
Marie recommande incessamment de recourir au jeûne à Medjugorje. Les voyants des apparitions non reconnues confient la requête de Marie aux biens portants de jeûner le mercredi et le vendredi, de préférence au pain et à l'eau. C'est ainsi que Marie vécut elle-même au temps des premiers chrétiens.
Je n'ai pas trouvé d'autres messages aussi précis dans d'autres apparitions.

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