lundi 25 février 2013

Vers l'épuisement des ressources

S'il est un sujet totalement absent du spectre politique, la pénurie des ressources soulève un défi majeur des décennies à venir. Les Verts focalisent leurs électeurs sur l'idée du réchauffement climatique, obnubilé par le seul impact carbone ; les partis traditionnels jouent également la carte du développement durable, sans noter l'oxymore ; les partis souverainistes, lucides sur les causes de la crise passée et à venir, ne parviennent pas à nuancer les bienfaits de la croissance et de la fuite en avant qu'impose l'usure.
Jean-Baptiste Say écrivait : "Les richesses naturelles sont inépuisables, car, sans cela, nous ne les obtiendrions pas gratuitement. Ne pouvant être ni multipliées ni épuisées, elles ne sont pas l'objet des sciences économiques". Les économistes actuels n'ont pas l'excuse d'écrire en 1815.

Des ressources épuisables

Et pourtant un constat simple mérite d'être exposé : la quasi-totalité des métaux va devenir inexploitable. La quantité disponible de chacun est inconnue, mais les chiffres de la production, de la consommation, et des découvertes de gisements permettent d'évaluer la date critique.

Prenons le cas de l'argent. Les réserves disponibles sont évaluées par Mineral Resources Program à 530k tonnes, soit au rythme actuel, un épuisement total en 2033. L'agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) donne 13 ans de réserves étant donné la production mondiale. Au rythme actuel de consommation, il reste 35 ans de réserve pour le cuivre. Le marché du cuivre, dont la teneur des minerais est passée de 1,8 % à 0,8 % en 80 ans, a subi un déficit de production de plusieurs années jusqu'en 2012 et les nouveaux programmes, s'ils fonctionnent tous, assureront un surplus jusqu'à seulement 2018. Tout n'est pas que fantasme et contorsion du chiffre : programme militaires retardés aux Etats-Unis - et 15 ans pour construire une filière - ou ballons supprimés à Disney Tokyo par pénurie d'hélium. Autant dire qu'à l'inverse de Colbert qui repeupla nos forêts pour l'horizon de "l'an deux mille", la capacité de vision à long terme de nos dirigeants peut déjà être mise en doute.

L'échéancier donné par terresacree.org est pessimiste car il ne tient pas compte des conduites ajustées des divers gouvernements : après l'asphyxie de la Chine sur l'exploitation des terres rares à 97 %, les gouvernements, en particulier américain, songent avec retard à pallier cette dépendance et investissent massivement dans de nouveaux sites. Il ne comptabilise pas les possibles gisements futurs ; ceux-ci seront néanmoins moins manifestes, et comme nous l'avons vu moins rentables que les minerais exploités jusqu'alors.

Au contraire, l'échéancier est optimiste. Premièrement, il n'intègre la hausse de la demande mondiale : 3 % par an pour le cuivre et 10 % pour le dysprosium et le néodyme (voir plus bas). Deuxièmement, au fur et à mesure de l'épuisement de chaque métal, le report d'une technologie sur une autre pèsera immédiatement sur la nouvelle cible : le marché des écrans tactiles va puiser dans les ressources d'indium plus rapidement que prévu, avec comme seul candidat potentiel pour le remplacer les nanofils d'argent. Enfin, il ignore les aléas géopolitiques : Chili et Pérou détenant 41 % des réserves de cuivre, on ne souhaite pas qu'un des ces pays sombre par exemple dans une guerre civile, ou comme la Chine limite stratégiquement ses exportations. D'autant que la sensibilité des cours face à l'offre est forte, quand un incident dans une seule mine provoque des envolées de prix.

Que l'argent ou le cuivre ne s'épuise finalement qu'en 2070 ou 2100 doit-il nous réjouir ?

Les retombées humaines

Face à de telles convoitises, le pragmatisme des pays et des firmes conduit nécessairement à l'exploitation peu scrupuleuse de la situation. Fier que la France se soit libérée du poids moral de l'épopée minière, se soucie-t-on désormais que Germinal perdure outre-atlantique, dans les mines d'argent de Bolivie ? Quinze mille mineurs, à partir de 8 ans, travaillant jusqu'à 20h par jour en manque d'oxygène et dans la poussière, nourris à la feuille de coca pour tenir, dont 30 à 40 laisseront chaque année la vie à la suite d'accidents ou plus souvent de maladies pulmonaires (texte ou reportage). On s'attend d'ici 20 à 30 ans à l'écroulement de la montage. Dans d'autres cas, le prétexte de l'aide au développement permet la mise en esclavage de régions entières. Le géant helvétique Glencore participe au pillage du cuivre zambien, le tout mêlé d'évasion fiscale et de transferts frauduleux vers la Suisse, sans considération ni pour ses employés ni pour la population locale qu'elle empoisonne à l'acide sulfurique et au soufre. Autre exemple, la pression de la demande en tablette numérique et téléphones intelligents, vendus par centaines de millions en 2011, participe entre autres à la ruine écologique de l'île de Bangka : rivières contaminées, accès à l'eau potable problématique pour la moitié des insulaires, forêts et récifs coralliens meurtris à plus de 60 %, accidents à la mine. Enfin, l'extraction et le raffinage des terres rares utilisent acides métaux lourds et déchets radioactifs, rejetés sans législation ni souci des populations, alors soumises à des taux de cancer dramatiques. Les nouvelles perspectives de tentative d'exploitation des nodules polymétalliques des grands fonds marins sera une menace directe et irréversible pour la biodiversité sous-marine.

Mais lors d'enjeux majeurs, l'industrie de la souffrance, par le biais politique, s'étend à l'ensemble d'un pays. Comme au temps des Khmers rouges où le commerce du bois leur assurait subsistance et prospérité avec 10 à 20 millions de dollars par mois, le contrôle du négoce de matières précieuses comme le diamant a renforcé l'assise de groupes rebelles immoraux, entretenant par exemple la guerre civile en Angola (1975-2002). Nombreuses sont les ressources convoitées qui interviennent dans la genèse des conflits : Congo Brazzaville (pétrole), Liberia (bois, diamant, fer, huile de palme, cacao, café, caoutchouc, or), Sierra Leone (diamant), Soudan (pétrole), et République démocratique du Congo (cuivre, coltan, diamant, or, cobalt). La guerre du coltan, sous-médiatisée probablement pour ne pas risquer d'enrayer le marché de l'électronique, est considérée comme une des causes les plus meurtrières depuis la Seconde Guerre Mondiale, avec un nombre de morts estimé à 5 millions. Et avec ses corolaires : renforcement de l'armée rwandaise, massacre des gorilles, dévastation des forêts, viols comme arme de guerre, esclavagisme. Citons encore les guerres déclarées au nom des droits de l'homme contre des pays stratégiques, en Irak, Afghanistan, ou en Libye, qui sèment toujours chaos et destruction sans apporter jamais la démocratie qu'ils prétendent vouloir instaurer.

Si ce billet couvre essentiellement la déplétion des métaux, d'autres ressources non élémentaires viennent déjà à manquer et engendrent de nocives retombées : outre l'emblématique pétrole, le sable cambodgien indispensable dans la construction, l'huile de palme et l'écosystème de Bornéo, la forêt amazonienne, l'épuisement des sols par la mono-culture et la surexploitation. Les asiatiques et les sud-américains n'en sont sûrement pas les seuls responsables.

L'impossibilité d'une économie circulaire

Malgré cela, la foi en l'humanité, ou la paresse, nous conforte dans la nécessité de l'existence d'une porte de sortie. Pourtant, la diminution de l'impact écologique par les technologies vertes cache les dégâts causés à la source dans le pays producteur, la Chine en particulier. Ensuite, le positivisme et la foi dans le progrès sous prétexte que l'homme s'en est toujours sorti, outre le sophisme, ne prennent justement pas en considération les limitations dans notre capacité d'innovation imposées par l'épuisement des métaux.

Nous transposons également la présence de nos deux poubelles domestiques à l'existence de filières de recyclage équivalentes pour chaque ressource. Si certains métaux sont très propices au recyclage, comme l'aluminium non fusionné ou le zinc, c'est loin d'être le cas pour tous. Au vu du peu de moyens mis en œuvre jusqu'à aujourd'hui, les temps de recherche nous condamnent à attendre près de 10 ans pour mettre en place ce genre de dispositifs. Il faudrait en parallèle que les industries ne voient pas le gain à court terme et conçoivent à l'origine des pièces destinées à être recyclées facilement. Ce qui impliquerait nécessairement une perte de performances dans l'immédiat et une baisse de compétitivité, voire un abandon du produit. Pour des chiffres plus généraux, selon une étude du Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE),  "moins d'un tiers des quelque 60 métaux étudiés ont un taux de recyclage en fin de vie supérieur à 50 % et 34 éléments, dont beaucoup jouent un rôle crucial dans les technologies propres, comme les batteries de voitures hybrides ou les aimants d'éoliennes, ont un taux inférieur à 1 %". Bien que tous les métaux soient "intrinsèquement recyclables" en théorie, ils concluent que "la société du recyclage ne semble qu'un lointain espoir".

Par exemple, le tantale, imprégnant massivement les condensateurs et sans équivalent compétitif, se recycle à 20 %, mais uniquement à partir des chutes, et nullement des condensateurs déjà fabriqués qui ne le contiennent que de manière dispersée, donc très difficilement récupérables. C'est un des deux éléments contenu dans le coltan meurtrier. "Ces usages dispersifs peuvent représenter une part importante de leur utilisation : 20 % pour le cobalt, 40 % pour le molybdène, 98 % pour le titane (sous forme de dioxyde, le colorant blanc universel)", nous explique Philippe Bihouix. Egalement  problématique le cas de certains gaz dont l'abondance ne fait pas soupçonner sa rareté pratique : l'usage de l'hélium dans les ballons de fêtes, les airbags, les IRM, les fusées, les écrans plats, condamne le gaz à être perdu pour toujours. Il restera la Lune ou Neptune, ou un processus de synthèse qui engendrerait selon le prix Nobel Richardson un prix 10.000 fois plus élevé que l'actuelle extraction dans les gisements naturels. À noter son l'usage putatif de l'Hélium-3 en fusion nucléaire, qui restreindrait donc le champ des possibles dans la recherche d'alternatives énergétiques. Il resterait 40 ans d'hélium, sans aucun autre élément aux propriétés similaires. Autre défi, comment recycler efficacement les 3000 alliages de nickel différents ou les super-alliages aéronautiques de 15 métaux imbriqués ? Enfin, même lorsque cela est possible, la recherche sur l'amélioration du recyclage pourrait être trop tardive, comme dans le cas du néodyme.

L'ensemble du problème, et dans une moindre mesure le recyclage, restent fortement dépendants de considérations énergétiques, car des procédés souvent très énergivores sont utilisés. L'interdépendance énergétique se joue d'ailleurs dès l'extraction, car 10 % de l'énergie primaire mondiale est dépensée pour l'extraction et le raffinage des métaux, proportion qui ne fera qu'augmenter compte tenu des difficultés croissantes à trouver des gisements rentables. Dans le sens inverse, les éoliennes et les moteurs requièrent à l'heure actuelle du néodyme en masse (dont le cours  a été temporairement multiplié par 5 en un an à cause des restrictions exportatrices chinoises), le photovoltaïque de l'argent, et les centrales du zirconium, nickel, chrome, cobalt, tungstène, plomb pour la structure et des métaux lourds pour fonctionner. Nous touchons aux limites en uranium, dont la consommation n'est assurée que pour moitié par les gisements, le reste provenant de résidus militaires. Le thorium pourrait présenter une alternative, mais nous devrons attendre au moins 20 ans pour que soient potentiellement développés en Chine les réacteurs à sels fondus.

Le futur

Nous ne sommes pas à l'abri d'une bonne surprise, voire de plusieurs, mais la probabilité que tous les problèmes se résolvent ensemble paraît limitée, au fait par exemple de trouver une source illimitée d'énergie et au fait que tout soit désormais fabriqué en nano-carbone. Jusqu'à preuve du contraire, nous sommes donc face au spectacle d'un mythe qui s'effondre, celui du Progrès. Le constat est simple : notre monde schizophrène doit à la fois souhaiter la croissance et son absence, à savoir une grande récession mondiale. 

Les solutions qui ne basent pas uniquement sur un optimisme forcené semblent donc impliquer un retour à la sobriété, que la sur-stimulation publicitaire nous a fait passer pour odieusement moyenâgeux. Par ailleurs, le refus de la croissance à tout prix devra passer par un refus de l'accaparement de la richesse par l'usure. Ce véritable défi devra se résoudre au milieu des autres : la cessation de paiement de la Grèce, l'affrontement ethnique, les émeutes, la bataille de l'eau, la spéculation sur les denrées alimentaires, les déstabilisations géopolitiques, le déclin de notre armée et de la sécurité, les dérives nucléaires, les difficultés énergétiques, l'abêtissement des masses et l'individualisme grandissant. Il reste à se plaindre, faire l'autruche, nier, attaquer le messager, ou accepter sereinement la vérité et grandir avec, dans l'espérance. La recherche de simplicité pourrait justement participer de manière générale à l'apaisement des problèmes ci-dessus décrits.

Pour répondre à ceux qui disent "faut-il donc s'arrêter de vivre ?", la véritable question serait plutôt "ai-je besoin pour mon bonheur et celui de mes proches de puiser dans le superflu ?". A chacun de déterminer son superflu selon sa conscience. Une bague en diamant, un iPhone5 qui supplante le 4e modèle, un voyage aux Maldives, à vous de juger. Ce monde où s'exerce la facilité au-dessus du sens commun, où l'obsolescence programmée nous contraint d'acheter, où les sirènes libérales nous font perdre notre joie de vivre, justifie-t-il nos excès ? Nous qui fûmes scolairement baignés par l'épopée de l'abolition des privilèges, ferons-nous, chacun dans notre seule liberté, le vœu de délaisser les nôtres en tournant nos regards vers nos enfants et vers ceux qui souffrent ?

23 commentaires:

  1. Votre article est très précis et documenté. Néanmoins il ne traite pas suffisamment certains aspects essentiels du sujet que vous traitez.
    1. Le concept de « ressource » est un concept économique. Il est trop souvent confondu avec une certaine quantité de minéraux dans le sol. Une ressource économique est un produit qui répond à une demande exprimée par des acheteurs. Une ressource économique est ainsi une marchandise. Toute ressource économique est substituable par une autre ressource économique et cette substitution dépend du prix de vente de ce produit, de cette marchandise. Si une pénurie d'une marchandise survient, les demandeurs modifient leurs achats et reportent leur achats sur une autre marchandise.

    2. Vous citez abondamment des prévisions quantitatives de certaines marchandises qui, selon vous, pourraient « manquer » dans l'avenir. C'est le prix futur d'une marchandise qui, seul, permet de rendre compte de la demande future. Lorsqu'un marché organisé permet de disposer du prix des valeurs futures de certaines marchandises, il est possible de prévoir valablement quelle sera l'offre et la demande de ce produit là. Le jeu de l'offre et de la demande future est le seule moyen sérieux d'exprimer une éventuelle rareté, voire une pénurie.

    Or ces organismes subventionnés que vous citez et qui émettent de telles prévisions alarmistes me semblent irresponsables. En effet, s'ils croyaient vraiment à leur prévisions de future pénurie de telle marchandise, ils achèteraient des options de ventes futures. Ils seraient alors certains de devenir richissimes. Or ils ne font pas de tels achats pour les périodes futures. C'est la preuve manifeste de leur inconséquence et de leur manque d’honnêteté intellectuelle.

    3. S'il advenait qu'un minéral n'était plus disponible, la vie humaine continuera sans ce minéral. Nul ne peut interdire aux gens de satisfaire leurs besoins, pas même un hypothétique gouvernement totalitaire mondial. Il en résulte que, selon vos prévisions de « ressources », les êtres humains vivront alors autrement. Il peut advenir que tel minéral, telle pollution induise une mortalité plus importante. Les plus riches survivront alors, et les lois habituelles des espèces vivantes s'appliqueront à nouveau à l’espèce humaine.

    4. Il est vain de prétendre dire l'avenir avec certitude, et surtout des besoins futurs pour les siècles à venir. On serait alors certain de se tromper, car l'imagination humaine est imprévisible par sa créativité. Vouloir se priver d'une marchandise aujourd’hui par crainte qu'un humain pourrait manquer de cette même marchandise dans trois siècles est une attitude irrationnelle.

    5. Un État ne saura jamais organiser l'avenir. Si l'avenir économique devrait être organisé, aucun État n'en aurait les qualités nécessaires. L’État spolie et distribue le butin à une classe exploiteuse qui vit de l’impôt. L’État se moque du bien-être des habitants. L’État est criminel par nature et agit par la contrainte sur ses victimes. Toute action de l’État est ainsi une destruction, un appauvrissement du pays. L’État est expert dans l'art d'illusionner les habitants sur sa vraie nature, et sur la vraie nature de chacune de ses actions. Pourtant, il est simple de montrer que quasiment chacune des actions de l’État serait mieux effectuée par l'initiative privée, par des sociétés en libre concurrence.

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  2. Bonjour et merci pour vos remarques.
    1. En effet il est important de bien définir les termes. J'employais simplement le mot ressource dans son acception la plus courante, et je pense qu'en ce sens mon argumentation était légitime. Les acheteurs auront en effet à reporter les achats dans le cas d'une pénurie à venir.

    2. Il est à mon avis néanmoins possible d'émettre quelques prévisions, en anticipant au vu des besoins actuels l'évolution de la demande. Pour l'offre, étant conditionnée d'une certaine manière par notre faculté d'extraire des métaux, on peut émettre également des prévisions. Je concède qu'elles puissent parfois être alarmistes, mais elles me semblent de manière globale justifiées, ou du moins susceptibles d'être débattues.

    Ces organismes (dont je ne connais pas les sources de financement, mais que je serais ravi de connaître, et desquels parlent-on ?) ont possiblement des croyances et un idéal, qui les fait peut-être exagérer, mais qui n'ont pas forcément un intérêt particulier à l'affaire. Vous présagez de leur goût à l'économie et aux affaires, alors que c'est bien une philosophie de vie tout à fait différente qui les guide. Pour vous donner un exemple, aussi sûr que je sois de la faillite de la Grèce, du Portugal ou de l'Espagne, je n'aurais pas idée de parier sur leur sort pour m'enrichir. J'ai d'autres objectifs. Je ne me trouve pas pour autant malhonnête ou inconséquent, et ainsi je ne peux me permettre d'émettre la critique que vous leur portez à cet égard.

    3. Les êtres humains vont certes devoir vivre autrement. Le problème est à mon sens que les difficultés arrivent en même temps, et que les pénuries non seulement auront du mal à être compensées, mais que cela entraînera donc des besoins énergétiques plus importants, ainsi qu'une croissance plus faible ; donc un accroissement - dans ce système vicié du taux d'intérêt - de la pauvreté du peuple.

    En effet, les lois habituelles s'appliqueront.
    Cette remarque, tout à fait objective et pleine de bon sens, mais empreinte d'un certain cynisme, ne me rassure pas tout à fait. Certes les guerres ont toujours eu lieu, les changements et les effondrements de civilisation aussi, mais cette théorisation détachée n'empêche pas certains d'entre nous de ne pas relativiser l'horreur qui en découle. Donc tout gain de temps sur ce chaos, toute limitation de ses effets, toute préparation à la résilience, me semblent bons à prendre. Aussi, j'estime qu'il est important d'anticiper ces pénuries et leurs conséquences fâcheuses, et d'essayer de parer leurs effets.

    4. Je ne parle pas des siècles à venir, mais des décennies. Même en parlant en siècles, je ne regrette pas que Colbert ait à l'époque planté des arbres pour que la France en ait jusqu'en "l'an deux mille". Si l'imagination est imprévisible, on peut aussi légitiment ne pas fonder tous nos espoirs dans la résolution tranquille des problèmes par la technique industrielle - qui nous inonde en retour de nouveaux problèmes, sans pour l'instant possibilité de retour en arrière (rivières non comestibles, plastique des océans, radioactivité, etc.). Quand nous aurons tout mangé et tout détruit, je ne suis pas certain que nos enfants, dans une civilisation bien peu idéale, auront le loisir d'inventer de quoi pallier ces défis.

    5. Je ne connais encore que peu cette manière de penser. Pour l'instant je n'ai pas une opinion aussi défavorable que vous de l'État. Je pense que cela dépasse, aussi intéressant soit-il, dépasse quelque peu le cadre du sujet. Je ne suis en tout cas pas persuadé que la dernière phrase soit si simple à prouver.

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    1. 1. L'acception la plus courante du mot "ressource" contient et entretient une confusion entre une ressource économique et un minéral dont on suppose l’existence sur la Planète. Cette confusion de sens du mot "ressource" confond alors une marchandise existante et appartenant à son propriétaire et un minéral non encore découvert et dont l'existence et l'utilité sont discutables. Selon le sens qu'on donne à ce mot, le discours n'a évidement pas le même sens.

      Le pétrole fut, pendant des millénaires, une matière stérilisant le sol pour l'agriculture. Avant qu'on en découvre son utilité actuelle, le pétrole n'était une ressource pour personne, sauf peut-être pour quelques usages marginaux.

      Chaque production humaine est une ressource pour ceux qui l'achètent. La production humaine n'a donc pas de limite. Les richesses possédées par les hommes peuvent ainsi croitre sans aucune limite imaginable.

      Une des conséquences de cette confusion sur le sens du mot "ressource" est l'affirmation fausse que "sur une planète finie, la croissance serait limitée". La croissance des richesses et des ressources économique est évidement illimitée puisque la richesse est une information, et non pas de la matière.

      2. Loin de moi l'idée de vous accuser de malhonnêteté intellectuelle. Non, ce n'était ni mon but, ni mon propos. Je vous prie de m'excuser de mon propos surement mal rédigé puisque vous semblez l'avoir compris ainsi. Mais pour l'inconséquence, je m'appliquerai à vous montrer que la logique suffit à démolir votre théorie.

      Il existe certains outils financiers dont la valeur monte lorsque le cours du pétrole augmente. Acheter un tel outil ne nuit à personne, et même enrichit l'acheteur puisque celui-ci le propose à la vente. Ainsi, l'investisseur conséquent, qui aurait la certitude que le cours du pétrole augmentera, devrait logiquement acheter un tel outil financier.

      Mon raisonnement est le même pour les autres commodities cotées sur des marchés organisés. Et réciproquement, ne pas acheter de tels outils démontre une absence de certitude sur une hypothétique pénurie de ces commodities. Acheter de tels outils financiers contribue à donner une information d'une pénurie future au marchés, et donc stimulera la production de ces commodities et surtout de leurs substituts.

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    2. 3. En Chine, de grosses centrales électriques à charbon sont construites à la cadence d'une par semaine et depuis plusieurs années. Il n'est pas raisonnable d'imaginer que les chinois ou les indiens refuseront de s'enrichir, d'améliorer leur vie quotidienne. Il faut donc accepter l'idée qu'un jour, la quasi totalité du charbon et du pétrole sera consommé. Mais ce jour est lointain. J'ai entendu qu'il existerait suffisamment de charbon pour 300 ans voire pour 1000 ans, au rythme actuel de consommation. Et la sagesse, et la prudence, exigent d'éviter de faire des prévisions économiques à 300 ans.

      Que voulez-vous dire par "ce système vicié du taux d’intérêt" ? Contesteriez vous la nécessité du taux d’intérêt d'un prêt? Le taux d’intérêt traduit l'évidence que la même somme d'argent a plus de valeur immédiatement que dans un an. Le taux d’intérêt d'un emprunt ne peut donc pas être nul. Du moins si cette somme d'argent permet le même pouvoir d'achat un an plus tard. Dans un système de Banque Centrale, le taux d’intérêt est fixé arbitrairement par des experts aveugles au marché, mais supposés omniscients. En Free Banking, le taux d’intérêt est le résultat de l'offre et de la demande, ainsi que les quantités de monnaie en circulation. L’État doit cesser de produire de la monnaie, cesser de légiférer sur la monnaie ou de prétendre la réguler.

      L'être humain s'est toujours adapté en changeant ses conditions de vie. Lorsqu'un changement est progressif ou prévisible, son cout peut être faible. Ce fut et ce sera souvent le cas.

      Une guerre est toujours provoquée par un État et illustre invariablement son incohérence intellectuelle, le crime élevé au rang de vertu, et la stupidité intrinsèque de chacune de ses actions. Un guerre appauvrit tout le monde, alors que le commerce enrichit tout le monde. La guerre n'est pas une conséquence de la pauvreté d'une population, mais une de ses causes. Les changements de mode de vie des hommes ne seront pas des causes directes des futures guerres. Les prétextes invoqués par les États pour engager des guerres sont imprévisibles. Ce serait un hasard fortuit que le prétexte d'une guerre soit un changement de mode de vie des habitants.

      Les lois de l'économie sont universelles quelles que soit l'époque et quelles que soient les conditions de vie des gens. On peut juger d'hypothétiques situations futures selon ces lois universelles. Mais l'avenir de la vie sur Terre n'est pas prévisible. Il me semble vain de tenter de le prévoir et encore plus vain de vivre comme si l'avenir qu'on imagine était certain.

      Votre crainte d'une hypothétique "résilience" de qq chose, que je n'identifie pas bien, me semble mal fondée.

      4. En cas de pénurie d'une commodity, son prix augmentera à un niveau tel que les productions qui l'utilisaient seront réduites. Et telle marchandise deviendra alors rare et chère. Mais aucune marchandise n'est nécessaire à la survie de l’espèce humaine. Les gens s'adaptent toujours. Des produits de substitution seront alors produits. Si l’énergie du chauffage devient trop chère, on se couvrira plus chaudement. Si telle terre rare devient trop chère, on cessera de fabriquer certains dispositifs électroniques. Et on en fabriquera d'autres pour les remplacer avec une autre technologie.

      5. Face à une pénurie, le marché s'adapte toujours au mieux des intérêts exprimés et solvables. Mais l’État peut être tenté d'intervenir, ce qui est invariablement nuisible pour le pays, ce qui appauvrit le pays. On peut hésiter sur la nature des risques qui pèsent sur l'avenir de la Planète. On pourrait lister les divers risques et disserter sur les risques qui seraient les plus probables. Les actions des États me semblent faire courir le plus grave risque pour l'avenir de la Planète.

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    3. Parler de Loi ou de science économique est pour moi une ineptie absolue.
      La science économique est une escroquerie intellectuelle qui édicte des lois immuables basées sur le passé pour imposer aux gogos un avenir inévitable.
      Admettre des lois économiques c'est nier l'existence de choix.
      Cela permet aux "spécialistes" de pérorer, aux voyous en col blanc de prospérer, et aux gogos qui les croient de payer. Et parfois à des esprits médiocres de paraitre supérieurs...
      C'est tellement plus confortable de s'appuyer sur des théories fumeuses et censées être incontestables, plutôt que de réfléchir et surtout d'assumer ses réflexions et ses choix.
      Je souhaite bon courage aux unités de production futures...oh pardon pour les non- économistes , je voulais dire à nos enfants

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    4. @Arnaud
      A priori, vous préférerez, toutes choses égales par ailleurs, qu'une chose soit moins chère, si vous êtes acheteur. Inversement, si vous êtes vendeur, toute choses égales par ailleurs, vous aurez tendance à préférer vendre plus cher votre marchandise.

      C'est une loi peu contestable de la science économique. Une autre loi économique fut découverte par Condillac en 1776 concernant l'échange. Pour Condillac, un échange crée deux richesses pour l'humanité. Une richesse est créée pour le vendeur. Une autre richesse est créée pour l'acheteur. Il s'agit ici de l'échange contractuel, de l'échange marchand. Il ne s'agit pas d'un échange de coups de poings! Cette découverte de Condillac est une deuxième loi certaine de la science économique et que je propose à votre critique éventuelle.

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  3. ouverture d'un débat sur cet article sur le groupe facebook "liberal." https://www.facebook.com/groups/859460564145226/permalink/929927623765186/

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    1. Merci. En effet, une partie de la conversation, à savoir la problématique du rôle de l'Etat, sort quelque peu du cadre de l'article, à mon sens. Vos interventions sont publiées en double.

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    2. Oui, j'ai publié votre article par un lien sur une page facebook. J'ai ainsi tenté de lancer le débat sur cette page facebook en meme temps que sur votre blog. Par facilité, j'ai créé créé des doublons. Ce n'est peut-etre pas la bonne formule. Il est cent fois plus facile d'animer et d'approfondir un débat sur facebook que sur un blog.

      La science économique et la théorie politique sont au coeur des préoccupations de votre article concernant les futures pénuries. La science économique est l'étude des pénuries et des créations de ressources. C'est du moins, une définition possible de la science économique. Pourtant, votre discours est davantage celui d'un géographe ou d'ingénieur, matérialiste dans son analyse, que celui d'un économiste. Certains de vos propos devraient etre modifiés au regard des résultats les plus certains de la science économique. Par exemple sur l'usure, sur la spéculation, le prix fixé des céréales, sur la gestion de la monnaie par l'Etat.

      Votre discours n'approfondit pas suffisamment le rôle, essentiel et premier à mon avis, de l'Etat dans certaines des questions que vous évoquez. En effet, la question de la loi, la question des guerres, la question du libéralisme, met la nature de l'Etat au centre du discours. La question de la pollution est une question juridique qui pose la question du rôle de l'Etat.

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  4. "On s'attend d'ici 20 à 30 ans à l'écroulement de la montage."

    Non. cette crainte est mal fondée. Depuis au moins un siècle, les prévisions alarmistes sur les quantités de minéraux, quantités prétendues connues, se succèdent et disent invariablement faux. En fait on en sait rien. C'est une imposture de prétendre le savoir. On peut s’intéresser aux organismes qui se permettent de répandre ces informations alarmistes. Certains organismes cités dans l'article sont financés par l'Etat francais. Ce financement étatique est suffisant pour douter du sérieux de cet organisme.

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  5. La réfutation du malthusianisme consiste à exposer deux scénarios. Il se peut que certaines ressources manquent à certains de nos descendants. Il adviendra alors que les plus pauvres mourront et que le plus riches survivront. Le "plus riche" est ici celui qui peut obtenir sa subsistance alors que le plus pauvre n'y parvient pas.

    L'autre scénario est que l'imagination humaine trouvera les moyens techniques de s'organiser autrement pour survivre et prospérer. La thèse de l'économiste du 19e siècle Malthus a été réfutée par ce second scénario. Depuis le 19e siècle, la population humaine a été multipliée, et la richesse moyenne des hommes a, elle aussi, été multipliée.

    Mathus a eu tort car il n'avait pas compris que ce second scénario est, le plus fréquent, le plus probable, le plus logique. Le premier scénario est le moins fréquent bien qu'il constitue la préoccupation naturelle constante de chacun concernant ses propres ressources. L'homme produit bien plus de richesses qu'il n'en consomme. Les destructions de masse causées par les autorités politiques furent dans le passé, et seront dans l'avenir le principal danger pour le bien être des hommes.

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    1. Je ne partage pas votre foi dans le progrès, comme j'essaye d'ailleurs de le montrer dans l'article (combinaison de conjonctures défavorables, énergétiques, minérales, et surtout économiques, sociales, intellectuelles et ethniques).

      Concernant le premier scénario que l'on peut considérer de manière très froide, je souhaite qu'il ne se produise pas, et je pense que l'on doit faire ce qu'il est en notre pouvoir pour l'éviter.
      L'imagination humaine a permis de polluer tous les océans de la planète, les cours d'eau, et de nombreux endroits du globe, sans trouver de parade, et sans que les pauvres soient mieux lotis.

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    2. @Loin du troupeau
      Il ne s'agit pas "foi dans le progrès". Il s'agit d'un raisonnement de science économique. Deux richesses sont créées, par chaque échange. Une richesse est créée pour le vendeur. Une autre richesse est créée pour l'acheteur. Chacun sait créer plus de richesses que sa consommation. Il s'ensuit une tendance à un enrichissement constant des populations. Ce qui ralentit cette tendance sont les Etats qui détruisent, contraignent, interdisent. Ainsi les Etats déclarent des guerres qui détruisent en qq jours, des années de lente construction des richesses. En temps de paix, plus l'Etat interdit de produire, plus il appauvrit la population. Plus l'Etat taxe, plus il appauvrit la population. Plus l'Etat viole les droits de propriété, plus il appauvrit les populations. Plus l'Etat interdit de protéger ses droits de propriété ou ses droits contractuels, plus il appauvrit un pays.

      Cet enrichissement constant des populations s'observent mieux en temps de paix. Ainsi il y a 30 ans, 40% de la population mondiale vivait avec moins de deux dollars par jour. Aujourdhui, ce pourcentage est tombé à 10%. Nous observons, grâce aux processus vertueux du capitalisme, une réduction sensible de la pauvreté et de la misère dans le monde.

      Je rebondis sur votre propos "manière très froide". Il ne s'agit pas de froideur de rappeler que la condition de toute espèce vivante est la pénurie, et de risquer de périr en cas de manque.

      Je rebondis encore sur " faire ce qu'il est en notre pouvoir pour l'éviter". je répond Non, car on ne peut pas vivre à la place des autres. On ne peut pas assumer les risques que prennent les autres. Risque de prospérer, ou risque de périr. Et on ne peut pas non plus instaurer une tyrannie mondiale qui serait gouvernée par des "sachants", des experts, dictant leur conduites à chaque humain devenu ainsi esclave.

      On ne pourra jamais trouver de solution pour l'usage des toutes les choses qui ne peuvent pas faire l'objet d'un droit de propriété. Il faut vivre avec. Le marché a alors des solutions imparfaites. Les gouvernements auront invariablement des solutions pires encore.

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  6. L'auteur de l'article pense que des guerres surviendront et qui seront causées directement par le désir de certains de s'accaparer des ressources devenues rares. L'économiste sait que la guerre détruit infiniment plus qu'elle ne peut produire de richesses pour les vainqueurs.

    Le non-économiste sera tenté de croire qu'une redistribution politique entre les riches et les pauvres pourraient apporter une réponse valable aux pénuries et aux souffrances de certaines populations. Il n'en est rien. Une autorité politique, malgré les illusions qu'elle tente de faire prospérer, n'aura jamais pour but de soulager la douleur des pauvres, mais d'enrichir une petite élite privilégiée. C'est la logique élémentaire de toute autorité politique.

    D'autre part, le riche produira d'autant moins qu'on lui prend plus. C'est la logique de la destruction des motivations de produire. C'est le point essentiel de la fameuse "courbe de Laffer". Ainsi une prétendue redistribution des riches vers les pauvres sera toujours un appauvrissement des riches et une misère plus intense pour les pauvres.

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    1. Je ne partage pas trop ce besoin de produire plus, comme si la production permettait à l'homme d'être heureux (un téléphone portable rend-il heureux celui qui le porte ? Celui qui meurt ou s'échine dans les étapes de sa production ?). Moins et plus, comme le dit la Bible.
      La guerre détruit, mais ce n'est pas pour ça que ceux qui la souhaitent nous la font éviter.
      Je ne sais pas si vous souscrivez à cette vision de la politique, mais personnellement je n'y souscris pas (et certains régimes ont pu se soucier du peuple, par exemple avant l'arrivée des libéraux sous l'Ancien Régime qui ont voulu ne plus fixer le prix du grain et ont entraîné la cherté rédhibitoire du pain).

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  7. L'auteur de l'article dit "la véritable question serait plutôt "ai-je besoin pour mon bonheur et celui de mes proches de puiser dans le superflu ?""

    On ne puise pas dans le superflu. Chacun crée les richesses dont il a besoin. Les richesses sont illimitées. Il faut le dire car certains imaginent que les richesses seraient un gâteau qu'on devrait partager. C'est une image fausse de la réalité économique. Si certaines ressources venaient à disparaître, par épuisement de certaines mines, cela ne réduirait pas les richesses du monde.

    Encore une fois, et je me répète, la richesse ne réside pas dans les matières, mais dans les capacités de produire des industries et du commerce. Se priver aujourdhui pour espérer enrichir un inconnu dans un lointain futur serait un choix absurde. Les créations de richesses ne seront pas limitées par l'épuisement de certains gisements, de certaines mines. La richesse est immatérielle. Le philosophe et économiste Condillac l'avait compris et publié en 1776. Un siècle après, trois économistes redécouvraient vers 1870, la subjectivité de la valeur d'une chose.

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    2. Je ne saurai vous contredire ni argumenter, puisque nous raisonnons vraiment de manière totalement différente. Non seulement j'ai l'impression que nous puisons, mais que nous détruisons nos sols et nos eaux, et les divers écosystèmes qui assurent un équilibre à la vie terrestre, ce qui ne me semble pas être une richesse immatérielle.

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    3. @Loin du troupeau
      Je ne partage pas votre pessimiste sur l'avenir de nos échanges. Il me semble toujours possible de réfuter un argument faux. La fausseté d'un argument provient le plus souvent d'une définition erronée, ou de l'emploi d'un terme imprécis. Ce n'est jamais, sauf erreur d'étourderie, la capacité logique des esprits qui sera en cause.

      Ainsi la rédaction de votre arguments sur les "ressources" soufre, à mon avis, de plusieurs erreurs graves sur la définition des termes employés. Tout d'abord, ce concept de propriété collective de tous les êtres humains est fautive. Il est fautif de parler de "nos sols, nos eaux". Cet agréable terme poétique peut cacher une grave faute de raisonnement. En effet, chaque propriété d'un terrain tente de préserver la valeur durable de son terrain, car il tente de préserver la valeur de son patrimoine. C'est lorsque le terrain n'a pas de propriétaire que ce terrain perd de sa valeur. Nul n'en prend alors soin pour une valeur durable. C'est ce que les économistes appellent "le drame des communs".

      Il est parfois possible que des cours d'eau, ou des portions de cours d'eau, aient un seul propriétaire. Un seul propriétaire est et sera toujours la meilleure garantie de la préservation durable d'un patrimoine. Ce propriétaire unique peut aussi être une société par actions, et de type commercial.

      Il est parfois possible que des nappes phréatiques aient un nombre limité de copropriétaires. ceux ci peuvent alors trouver un règlement d'utilisation ainsi qu'un syndic de copropriété, ou un syndicat d'usagers. L'usage local de cette eau évite ainsi le "drame des communs". Un syndicat d'usagers remplace alors le droit de propriété. En terme de rentabilité et de préservation du patrimoine, c'est moins efficace d'un droit de propriété avec un seul propriétaire. Mais parfois, il n'est pas possible de procéder autrement.

      L’espèce humaine a montré sa capacité à survivre à des conditions infiniment plus hostiles que celles de notre 21e siècle. Je ne m’inquiète donc pas pour la survie de l’espèce humaine à cause d'éventuels changements mineurs de température ou d'environnement.

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  8. je disais "Pourtant, il est simple de montrer que quasiment chacune des actions de l’État serait mieux effectuée par l'initiative privée, par des sociétés en libre concurrence."

    L'auteur de l'article répondait: "Je ne suis en tout cas pas persuadé que la dernière phrase soit si simple à prouver."

    Vous concluez un contrat avec votre cocontractant. A priori, vous avez, tous les deux ainsi trouvé un optimum de satisfaction des deux cocontractant. Les deux cocontractants trouvent un avantage dans ce contrat, trouvent chacun un enrichissement. Condillac disait justement, "un échange crée deux richesses. Une richesse pour le vendeur, et une autre richesse pour l'acheteur. Un échange enrichit ainsi l'humanité." Cette phrase est constituée d'une concaténation de plusieurs citations de Condillac. Elle n'est donc une vraie citation. Cet optimum ainsi obtenu tient compte du contexte et de l'importance de votre contrat, selon le coût en temps passé de la transaction, le coût de la négociation, le coût de l'information nécessaire à la décision.

    Un tiers ne vous connait pas ni votre cocontractant, ni même les dispositions du contrats auxquelles chacun des deux avait choisies. Ce tiers, munie d'une autorité publique, annule votre contrat et réduit arbitrairement votre liberté de choix, votre liberté de négociation en imposant certaines contraintes aux deux négociateurs. Dans bien des cas, cette annulation du contrat ne sera pas remplacée par un autre contrat. Ce sera alors une "perte sèche" pour les deux cocontractants.

    Dans les autres cas, l'enrichissement des deux cocontractant sera différente du fait des contraintes imposées par l’État. Chaque contrainte étatique sera, a priori, un appauvrissement de celui qui subit cette contrainte étatique. Celui-là devra donc exiger plus de concessions de l'autre cocontractant afin de rendre possible le contrat. Il devra donc réduire la satisfaction de l'autre contractant. Ainsi chacun des deux aura un peu perdu par rapport à l'optimum précédemment atteint. Cette manière de raisonner est le socle de la micro-économie. Elle montre que l'action de l’État induit toujours une "perte sèche", c'est à dire une quantité de richesse non produite en comparaison de l'optimum précédemment trouvé. C'est à dire un appauvrissement du pays.

    Revenons à la production de services par l’État, par l'autorité publique. Pour notre propos, limitons la nature de ces services aux seuls services que des sociétés commerciales en concurrence seraient capables de produire. On s’intéresse ici à comparer les couts de production, et à la nature des services produits. On ne s’intéresse pas ici au financement de ces services pour que les plus pauvres en profitent. Un chèque-service aux plus pauvres pour acheter ce service serait alors une des formules envisageables, mais ce n'est pas exactement le sujet ici.

    La rapport contractuel entre une société commerciale et son client résulte en un contrat optimal pour le vendeur et optimal pour l'acheteur du service. Le service vendu est optimal en nature et optimal en prix. Il nous faut maintenant comparer un service produit par une des société commerciales en concurrence et d'autre part le service public produit par l’État. Le service public sera invariablement bien loin des besoins que le client aurait exprimé à des sociétés commerciales. Et le cout de production sera environ le double du coût de production par une des sociétés en concurrence. Cette évaluation du coût double est une loi économique empirique approximative, mesurée dans de nombreux pays développés, et pour tous les types de services publics.

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  9. Enfin une discussion sérieuse. En fait les deux ont largement raison :
    - le libéral sur le fait que l'action de l'État n'est pas par nature meilleure que l'action du privé, elle est même souvent pire, comme en témoignent les gigantesques subventions à la consommation de pétrole et de charbon dans de nombreux pays, subventions qui poussent au gaspillage et au déficit des finances publiques, et donc à négliger d'autres domaines,
    - l'antilibéral a raison ( je traduit dans mon langage) de penser que le marché ne peut pas régler le problème, car les prix de marché n'intègrent pas de coût de renouvellement ( et parfois il n'y a pas de renouvellement possible). En effet l'offre ne varie que très progressivement ( mis en place de nouveaux gisements ou épuisement d'anciens) et est très capitalistique. Donc des variations assez faibles de la demande influents considérablement sur les prix, qui ne reflètent donc que des raretés ou des surplus momentanés ou marginaux, et non le problème de fond.

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    1. @Yves Montenay Oui, l'action privée est invariablement plus efficace que l'action de l’État. Un propriétaire dépense pour obtenir un profit supérieur à sa dépense. On dépense plus utilement son propre argent qu'un agent de l’État qui exécuterait une décision politique, décision prise par d'autres que lui. Oui, les subventions induisent des gaspillages. Une subvention provient d'un impôt. La courbe de Laffer nous enseigne qu'un euro d’impôt induit une baisse de un euro de la production nationale par destruction des motivations à produire. Un euro de subvention induit donc directement un appauvrissement du pays de un euro.

      Votre critique des subventions ne va pas assez loin. Une subvention à distribuer est vue comme un partage de butin par tous ceux qui ont un droit sur cette distribution. Et chaque décideur politique agira dans le sens de ses valeurs politiques personnelles, de ses intérêts personnels et des multiples lobbies qui aideront à sa réélection, ou à l'avancement de sa carrière. C'est que nous enseigne la théorie des choix publics (Public Choice).

      Mais il y a pire. A tort ou à raison, un impôt à distribuer est vu comme un butin le serait par ceux qui doivent le partager. Plus ce butin est grand, plus ces décideurs, leurs soutiens politiques et les divers bénéficiaires potentiels, agiront pour en avoir une part plus grande. Le coût de ces efforts pour orienter la distribution de ce butin est très importante. Ces efforts consistent en temps passé, voire en investissements financiers. Le critère de choix d'un propriétaire est le profit qu'il retirera de son action. C'est très simple, universel et efficace. Les critères de distribution d'une somme d'argent par des décideurs politiques seront nécessairement moins objectifs, plus subjectifs, plus aléatoires. Chacun voit différemment l'usage utile qui pourrait être fait une certaine somme d'argent.

      Tous ces efforts pour partager ce "butin" ne créent aucune richesse nouvelle. Ce sont des "pseudo-investissements", selon l'expression de l'économiste Gordon Tullock. Serait-il possible d'évaluer le coût de ces "pseudo-investissements", le cout de ces efforts vains pour distribuer ce "butin"? La réponse est positive en faisant un raisonnement a priori. Les économistes se souviennent d'une règle simple et bien connue. "Une source de profit sera exploitée, des couts d'exploitation seront dépensés, tant que ce profit subsiste". En d'autres termes, on investira 80, on dépensera 80, pour obtenir 100.

      Ainsi les décideurs de la répartition du butin et les divers lobbies influent sur ce budget engageront de couteux efforts médiatiques, financiers, pour obtenir une plus grande part du butin. Le cout de ces pseudo-investissements sera donc, a priori, et en tendance, proche de la somme à distribuer. De tels couts sont une perte pour tout le monde. Ces couts et ces efforts auraient été mieux employés pour produire de vraies richesses dans le pays. Il y a ainsi une tendance naturelle pour que le cout de ces pseudo-investissements soient égal au montant de la subvention.

      Récapitulons! Un euro d’impôt induit une moindre production de un euro par destruction des motivations de produire. Et un euro à distribuer induit jusqu'à un euro d'efforts vains et de coûts pour la distribution du "butin". Puisqu'une subvention provient d'un euro d’impôt, on peut et on doit ajouter chacun de ces euros. Il s'ensuit qu'un euro d’impôt induit deux euros non produits dans le pays, induit un appauvrissement du pays de deux euros.

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  10. Rectification : un mot a sauté mais qui change beaucoup : le marché SEUL ne peut pas régler le problème. En effet, le marché reste incontournable pour régler le comportement de chacun sans marché noir, contrebande ou pénurie. Mais pour éviter le gaspillage, il peut être complété par des taxes, comme la TIPP qui en France et en Europe a conduit à des voitures plus sobres qu'ailleurs, ou une éventuelle taxe carbone, bien que ce terme prête à polémique puisqu'il met l'accent sur le CO2 et non sur la simple économie d'énergie, qui, elle, est moins controversée. Or arriver à un consensus dans ce domaine est important.

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